Article publié dans Le monde daté du 12.09.09
Jusqu’à maintenant, Marine Joatton, 37 ans, avait presque exclusivement montré ses étranges dessins et pastels fourmillants, habités par des créatures hybrides et incomplètes agitées d’une vie impossible et visiblement dangereuse.
Elle expose aujourd’hui quelques grandes toiles, et la surprise est certaine : la construction est aussi claire, les formes aussi nettes qu’elles étaient insaisissables auparavant. Deuxième étonnement : cette simplification du dessin n’enlève rien de son étrangeté à sa création.
La relation entre l’espèce humaine et les autres mammifères est toujours aussi étroite et aussi énigmatique.
Dans un paysage réduit à un pré et un énorme rocher, un enfant chauve a des oreilles d’âne et un autre une auréole de saint et un corps de tigre des neiges. Ils ont l’air inquiet, peut-être à cause d’un renard géant. Un autre enfant semble se dédoubler en éléphant transparent.
Tout cela a un côté fable, mais fable déréglée, sans logique ni morale. Les toiles sont ainsi laissées à la libre interprétation du visiteur, fort décontenancé par tant d’évidence parfaitement incompréhensible.
Philippe Dagen